De la guerre by Histoire

De la guerre by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Flammarion
Publié: 2014-11-03T23:00:00+00:00


De leur côté, les juristes ont continué de réfléchir aux moyens de rendre le déchaînement de violence dans la guerre moins cruel pour ceux qui la font (les soldats) et pour ceux qui la subissent (les populations civiles). Avant même la période de la Révolution et de l'Empire, les guerres du XVIIIe siècle étaient sanglantes, comme le rappelle l'historien David A. Bell : avec l'usage de l'artillerie, des mousquets, des boîtes à mitraille, du mousquet à baïonnette, les batailles blessaient ou tuaient 40 % des hommes2, sans compter les ravages causés par la politique de la terre brûlée3.

On comprend la nécessité juridique de poser de façon explicite les normes qui humanisent la guerre, à défaut de la faire disparaître complètement, comme le montrent les distinctions faites par le jurisconsulte suisse Emer de Vattel (1714-1767). Dans son Droit des gens ou Principes de la loi naturelle appliqués à la conduite et aux affaires des Nations et des Souverains (1758), il oppose « la guerre légitime et dans les formes » à « la guerre informe et illégitime appelée avec plus de raison un brigandage », où tous les moyens sont autorisés pour se débarrasser des brigands, c'est-à-dire ceux qui attaquent sans passer par une déclaration de guerre faite dans les formes du droit. Si la guerre reste bien « cet état, dans lequel on poursuit son droit par la force », un tel usage de la force suppose que l'État en ait le monopole afin d'éviter la violence illimitée des conflits dans la guerre privée. C'est ce qu'on voit dans le statut juridique des combattants et des non-combattants en cas de guerre. Vattel estime que la professionnalisation de la guerre est une raison supplémentaire de contenir la violence de celle-ci, car on ne doit jamais oublier l'humanité des ennemis qui s'affrontent.

Les combattants

L'ennemi [public] qui m'attaque injustement me met sans doute en droit de repousser sa violence ; et celui qui m'oppose ses armes, quand je ne demande que ce qui m'est dû, devient le véritable agresseur, par son injuste résistance ; il est le premier auteur de la violence, et il m'oblige à user de la force, pour me garantir du tort qu'il veut me faire, dans ma personne ou dans mes biens. Si les effets de cette force vont jusqu'à lui ôter la vie, lui seul est coupable de ce malheur. […] Telle est la source du droit de tuer les ennemis dans une guerre juste. […] Dès qu'un ennemi se soumet et rend les armes, on ne peut lui ôter la vie. On doit donc donner quartier à ceux qui posent les armes dans un combat ; et quand on assiège une place, il ne faut jamais refuser la vie sauve à une garnison qui offre de capituler. On ne peut trop louer l'humanité avec laquelle la plupart des Nations de l'Europe font la guerre aujourd'hui. Si quelquefois, dans la chaleur de l'action, le soldat refuse quartier, c'est toujours malgré les officiers, qui s'empressent à sauver la vie aux ennemis désarmés.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.